C’est sous la plume de John Green, auteur du livre « Nos étoiles contraires » que se trouve la plus belle illustration de ce que peut être le champagne. L’écrivain met en effet dans la bouche de Dom Pérignon cette phrase sublime : « Venez vite, je goûte les étoiles ». Mais savez-vous comment est né le vin de champagne pétillant ? Vins tranquilles à l’origine, les vins de champagne ont su marquer leur différence en cultivant l’art de l’assemblage et de l’effervescence couplé à la maitrise du temps pour devenir le vin iconique qui fait pétiller le monde entier.
Définitivement né sous une bonne étoile et un bon terroir
A l’origine les vins de champagne étaient des vins tranquilles (non effervescents) produits dans le vignoble champenois. Pour optimiser les ventes et conserver la jouissance de leurs monastères, les moines bénédictins ont commencé à en améliorer la qualité. Mais c’est Dom Pérignon, en charge d’un monastère à Reims, qui en aurait la paternité. L’histoire est à modérer, car il faut savoir que les bulles se forment naturellement dans certaines circonstances. Ce que nous devons au frère Pierre Pérignon, ce sont avant tout des pratiques de cultures nouvelles et qualitatives dont tireront profit par la suite toutes les Maisons de champagne. Outre ses qualités intrinsèques, le champagne a toujours développé une image d’opulence. Il était déjà présent lorsque Clovis se fit couronner à Reims en 496 avant J. C. Il est d’ailleurs de tous les sacrements des rois de France, et c’est sans nul doute cette « cohabitation » monarchique qui en fit un vin à l’image prestigieuse. Il n’a jamais eu de cesse par la suite de s’inviter aux tables royales, jusqu’au décret de Louis XV au XVIIIème siècle autorisant le transport du champagne - et uniquement le champagne – mis en bouteilles en verre au lieu de fûts en bois. Une petite révolution car le bois avait tendance à laisser échapper le gaz quand le verre conserve mieux l’effervescence et fait gagner en élégance. A cette époque, le champagne est cultivé sur 50 000 hectares.
Le champagne ou l’art de pétiller
Elle est au cœur de son ADN, cette fameuse effervescence. D’ailleurs, avant de s’appeler vins de champagne, on avait coutume d’appeler un vin pétillant un saute-bouchon, un nom résumant parfaitement bien cette puissance d’ouverture de la bouteille dopée par la présence de gaz carbonique. Longtemps les hommes ont voulu supprimer cette effervescence induite par la transformation du sucre en alcool et en gaz. Les consommateurs n’en voulaient pas, jusqu’à ce qu’elle trouve enfin son public, et notamment la monarchie anglaise qui s’éprend de ce breuvage tellement « raccord » avec l’esprit festif dont ils font preuve. L’effervescence est à la mode, tout pétille à cette époque. Dans les années 1660- 1690, la naissance des vins mousseux de champagne marque un bouleversement pour les vins pétillants.
Pour la première fois, un vin effervescent est associé à un terroir bien précis et des techniques spécifiques de vinification sont enfin mises au point pour « dompter » ou plutôt sublimer les bulles. Le cépage a aussi beaucoup évolué au fil du temps. Plusieurs domaines élaboraient également des vins appelés vins gris. Ils avaient pour singularité d’être élaborés à partir de raisin à pellicule noire et chair blanche pour donner vie à…un vin blanc, ce qui ne lassait jamais d’étonner les observateurs. Le fruit d’un long travail de culture, de sélection, de récolte et de traitement. Aujourd’hui, le champagne est majoritairement composé de Pinot Noir, Pinot Meunier (tous les deux à pellicule noire et à chair blanche) et Chardonnay (pellicule blanche et chair blanche).
Sous l’Empire, l’éclosion des grandes Maisons de champagne
Sous l’impulsion de Napoléon, l’industrie du champagne se structure autour de grandes Maisons qui vont contribuer encore plus à son essor international. La maison Canard-Duchêne s’inscrit dans cette lignée en intégrant le cercle exclusif des vins effervescents servis à la table du Tsar Nicolas II. A l’aube de la révolution industrielle et avec le développement des transports internationaux, le champagne devient le roi incontesté des vins pétillants à travers le monde entier, et même le symbole d’un art de vivre « à la française ». Il est d’ailleurs associé à de grands événements marquants comme les grandes expositions universelles de 1789 et de 1900 à Bruxelles et à Paris.
Il perd un peu en puissance au moment de la guerre 14-18 subissant en prime une attaque de phylloxéra, mais revient en force dès la sortie de crise pour ne plus jamais disparaître. Vin d’aventure, il sera présent lors des vols inauguraux du Concorde ou lors de la jonction du tunnel sous la Manche. Les écrivains plébiscitent également ce breuvage pétillant, de Hemingway qui l’aimait en cocktail marié à l’absinthe, en passant par François Sagan qui en parsemait ses romans, jusqu’à la très contemporaine Amélie Nothomb qui ne cache pas son attrait pour les belles cuvées.
Aujourd’hui sa culture s’étend sur 33 000 hectares. Son appellation délimite une zone géographique bien précise dans laquelle le raisin doit être cultivé et le vin produit. Hors de cette zone, le vin ne peut porter l’appellation Champagne. Il faut environ 1,2 kilo de raisins pour élaborer une bouteille de champagne. Depuis sa création, le vin de champagne n’a jamais cessé d’être adoubé aux quatre coins du monde en accompagnant les plus grandes célébrations comme les moments plus confidentiels. Un succès exceptionnel d’une rare longévité et demeure la référence absolue de l’élégance.